Photos,  textes et vidéos de Jean-Pierre Romain

 

 

       

 

     
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Côté pratique

 
               
       

Auschwitz II - Birkenau

Birkenau ou Auschwitz II est construit à 3 km d'Auschwitz, à la place du village de Brzezinka rasé pour l’occasion. Il comprend le centre d'extermination ainsi qu'un gigantesque camp de travail forcé divisé en trois parties : le camp des femmes, le camp des hommes et une extension jamais terminée "Mexico".  C'est là, qu'en cinq ans, périssent 1,1 million de personnes, dont 900 000 gazés quelques heures après leur arrivée,  principalement des Juifs et des Tziganes. Destiné, dans un premier temps, à accueillir les prisonniers de guerre soviétiques dans le cadre de l'invasion de l’Union soviétique, Birkenau a ensuite été destiné à appliquer la solution finale de la question juive, c’est-à-dire la mise à mort systématique, et programmée des Juifs d'Europe, à l'échelle industrielle. On y construit alors quatre complexes de chambres à gaz – crématoires, dont deux dans deux anciennes fermes.

Le célèbre porche d'entrée du camp. 

   

      

La rampe.

   

Wagon à bestiaux utilisé pour transporter les détenus.

   

L'arrivée des convois

Après deux ou trois jours de transport dans des wagons à bestiaux, les déportés sont débarqués violemment sur la rampe et, mis en rangs. Ils avancent, bagages ou jouets à la main, vers les SS chargés du tri sous la supervision d'un médecin.

   

   

Côté droit : les déportés valides destinés à la mort par le travail forcé, soit de 10 à 30 % de l'effectif. Côté gauche : tous les autres, les faibles, les enfants et les femmes enceintes ou accompagnées d'enfants, les vieillards tous destinés à une mort immédiate, sauf quelques cas réservés à des expériences «médicales ». Souvent, le docteur Josef Mengele cherche des jumeaux de tous âges pour ses recherches. On rassure la foule en promettant une douche, une désinfection, des boissons chaudes. La colonne se dirige ensuite vers la chambre à gaz.

   

Nyiszli Miklos, un médecin à Auschwitz raconte (Editions René Julliard. 1961.):

« Venant de la rampe, le sifflement prolongé d'une locomotive se fait entendre. Il est encore très tôt ; je m'approche de la fenêtre d'où j'ai une vue directe. J'aperçois un train très long. Au bout de quelques instants les portières coulissent et les wagons déversent par milliers le peuple d'Israël. Alignement et sélection prennent à peine une demi-heure ; la colonne de gauche s'éloigne lentement. 

Des ordres qui retentissent et des bruits de pas rapides parviennent jusqu'à ma chambre. Ce bruit provient de la salle des fours du crématorium. Ce sont les préparatifs que l'on fait pour l'accueil du convoi. On entend vrombir des moteurs : on vient de mettre en marche d'immenses ventilateurs pour attiser le feu afin d'obtenir le degré voulu dans les fours. » 

   

« Les hommes doivent s’aligner à part, les femmes à part. Ce règlement est tombé sur nous comme la foudre. Maintenant que chacun est arrivé à la dernière étape, que nous sommes arrivés au bout de la route, on nous ordonne de nous séparer, de couper ce qui est indissolublement lié. Personne ne bouge, car personne ne peut croire en ce qui est impossible à croire. Il est impossible que le non réel devienne réalité, qu’il devienne un fait. Mais la rouée de coups tombés sur les premiers rangs des personnes debout a fait que, même dans les rangs éloignés les familles ont commencé à se séparer (…). On pensait que c’était ainsi que se faisait la procédure du calcul exact du nombre des nouveaux arrivés, chaque genre à part. On sentait que maintenant arrivait le moment culminant, le moment où il fallait se consoler l’un l’autre et se donner du courage. » (Extrait des notes écrites par un juif, Zalmen Gradowski)  

 Ci-dessous, à gauche, La file des femmes et des enfants. Les femmes et les enfants ont été séparées des hommes. Ils attendent la sélection. Seules celles qui ne tiennent pas un enfant à la main ou dans les bras ont une chance de survie.

La sélection

Ci-dessous, à gauche, un SS examine un à un les hommes. Les deux femmes viennent d'être sélectionnées pour le travail forcé et passent à droite. Sur la photo de gauche, cette vieille femme n'a pas été sélectionnée pour le travail, pas plus que les hommes fatigués, assis, au fond, sur les baluchons qu'on leur a demandé de laisser là.

   

Des vieillards attendent les camions qui les mèneront à la chambre à gaz.

La marche vers la mort

Ci-dessous, à gauche, la file qui marche vers la chambre à gaz. Il y a surtout des femmes accompagnées d'enfants et des vieillards. Chaque pas les rapprochait de la mort. 

   

   

Ci-dessous, à gauche, l'étang dans lequel les SS jetaient les cendres des juifs brûlés quelques heures avant dans le crématoire. A droite, des Juifs attendant la mort à l'ombre des arbres situés au bord du même étang. Souvent, les déportés y puisaient de l'eau pour se rafraîchir.   

   

Dernière pause avant la mort.

 Ces photos ont été prises à trente mètres des chambres à gaz. Les enfants jouent, courent, boivent de l’eau aux fontaines. Les mères et les vieillards discutent, se reposent, mangent un peu. On distingue quelques sourires. Peut-être pensent-ils qu’avec les conditions épouvantables de leur transport, le plus dur est passé ? Les arbres procurent de l’ombre mais camouflent les bâtiments. Ils ne savent pas qu’ils patientent pour que les chambres à gaz et les crématoires se libèrent. Quelques minutes plus tard, tous se retrouveront nus, dans la chambre à gaz, puis réduits en cendres.

   

Pendant ce temps...

Ci-dessous, le kommando du département  "Kanada" récupère les affaires de ceux qui vont passer dans la chambre à gaz dans quelques minutes. Une fois trié, le butin est réexpédié en Allemagne.


   

Les entrepôts "Kanada" dans lesquels étaient stockées les affaires des victimes.

   

Les chambres à gaz

« Après cinq à six minutes, le convoi arrive devant la porte dont les battants s'ouvrent. Le groupe en colonne par cinq entre dans la cour : c'est l'instant dont personne ne sait rien. Celui qui pourrait en savoir quelque chose après avoir parcouru le chemin de son destin - les trois cents mètres qui séparent cet endroit de la rampe - n'est jamais ressorti pour pouvoir en parler. C'est l'un des crématoriums qui attend ceux qui ont été dirigés lors de la sélection dans le groupe de gauche. Ce n'est donc pas un camp pour malades et enfants, où les invalides soignent les petits, comme l'avait fait croire le mensonge nazi pour apaiser l'angoisse de ceux du groupe de droite. Ils avancent à pas lents et fatigués. Les enfants aux yeux clignotants de sommeil s'accrochent aux vêtements de leur mère. Les bébés, le plus souvent, sont transportés dans les bras du père. »   Les déportés découvrent tout de suite les robinets d'arrosage disposés dans la cour. Ils sortent des gamelles et des casseroles de leur mallette. Le rang est rompu. Se bousculant les uns et les autres, ils essaient de se rapprocher des robinets et de remplir leurs récipients. Ce n'est pas étonnant qu'ils soient impatients : il y a cinq jours qu'ils n'ont rien bu. Le peu d'eau dont ils disposaient était croupie et ne les désaltérait pas. Les gardes SS qui reçoivent les convois sont habitués à cette scène. Ils attendent patiemment jusqu'à ce que chacun ait apaisé sa soif et rempli ses récipients. Tant qu'ils n'ont pas bu, ils ne pourraient de toute manière les faire ranger en colonne. Lentement, ils commencent à les rassembler . Ils avancent environ de cent mètres sur un chemin en mâchefer bordé de gazon vert jusqu'à une rampe de fer d'où dix ou douze marches en béton conduisent sous terre dans une vaste pièce dont la façade porte une grande affiche écrite en allemand, en français, en grec et en hongrois : "Bains et salle de désinfection". Aussi, ceux qui ne se doutent, s'apaisent, se calment. Ils descendent presque gaiement l'escalier. (Nyiszli Miklos, un médecin à Auschwitz, Editions René Julliard. 1961.)

   

De nombreux écriteaux attirent l'attention de chacun en lui enjoignant dans sa propre langue de déposer ses vêtements et ses chaussures attachés ensemble. Surtout, qu'on n'oublie pas le numéro du portemanteau pour éviter au retour du bain une confusion inutile. C'est vraiment de l'ordre allemand, disent ceux qui sont enclins depuis longtemps à admirer leur esprit d'organisation. Ils ont raison. C'est en effet pour l'ordre que ces mesures sont prises afin que les milliers de chaussures de bonne qualité attendues depuis longtemps par le IIIe Reich ne se mélangent pas. Il en est de même pour les vêtements, afin que la population des villes bombardées puisse les utiliser sans difficulté. Il y a trois mille personnes dans la salle : hommes, femmes et enfants. Les soldats SS arrivent et déjà retentit l'ordre que, dans les dix minutes qui suivent, tout le monde soit complètement déshabillé. Des vieillards, des grands-pères, des grands-mères, des enfants, des épouses et des époux restent interdits de surprise. Des femmes pudiques et des jeunes filles s'interrogent du regard. Peut-être n'ont-elles pas bien compris les paroles allemandes. Elles ne peuvent y réfléchir longtemps, car l'ordre retentit, à nouveau réitéré, et cette fois le ton s' élève, il devient presque menaçant. Ils ont un mauvais pressentiment et leur dignité même se révolte, mais avec la résignation qui est propre à leur race, ils apprennent qu'envers eux tout est permis. Lentement, ils commencent à se dévêtir. Les vieillards, les paralysés et les aliénés sont aidés par un groupe du Sonderkommando envoyé à cet effet. Dans dix minutes, tous sont complètement nus, leurs vêtements accrochés au portemanteau, ainsi que leurs chaussures attachées par les lacets. Quant au numéro de leurs portemanteau, ils l'ont bien enregistré.

Traversant la foule, un SS ouvre à deux battants la grande porte en chêne qui se trouve au fond de la salle. La foule s'écoule à travers cette porte dans une autre salle pareillement éclairée. Cette salle est de la même dimension que la précédente, mais on n'y voit point de bancs ni de portemanteaux. Au milieu de la salle, tous les trente mètres environ, une colonne monte du sol de béton jusqu'au plafond. Ce ne sont pas des colonnes de support, mais des tuyaux de forme carrée en tôle, et chacune de leurs faces présente de nombreuses perforations, comme un grillage. Tout le monde est déjà entré. Un ordre rauque retentit : "Que les SS et le Sonderkommando quittent la salle." Ils sortent et ils se dénombrent. Les portes se referment et les lumières sont éteintes de dehors .

A cet instant précis, un bruit de voiture se fait entendre. C'est une voiture de luxe pourvue de l'insigne de la Croix-Rouge internationale qui arrive. Un officier SS et un S.D.G. Senitätsdienstgefreiter (sous-officier du Service de Santé) en descendent. Le sous-officier tient dans ses mains quatre boîtes en tôle verte. Il avance sur le gazon où, chaque trente mètres, de courtes cheminées en béton jaillissent de terre. Après s'être muni d'un masque à gaz, il enlève le couvercle de la cheminée, qui est également en béton. Il ouvre l'une des boîtes et déverse son contenu - une matière granulée mauve - dans l'ouverture de la cheminée. la matière déversée est du cyclon ou du chlore sous forme granulée qui produit du gaz aussitôt en contact avec l'air. Cette substance granulée tombe au fond de la cheminée sans s'éparpiller et le gaz qu'elle produit s'échappe à travers les perforations et emplit au bout de quelques instants la pièce où les déportés sont entassés. En cinq minutes, il a tué tout le monde.

C'est ainsi que cela se passe pour chaque convoi. Des voitures de la Croix-Rouge apportent le gaz de l'extérieur. Il n'y en a jamais en stock dans le crématorium. C'est une précaution infâme, mais plus infâme est encore le fait que le gaz soit apporté par une voiture pourvue de l'insigne de la Croix-Rouge internationale. Pour être sûrs de leur affaire, les deux bourreaux à gaz attendent encore cinq minutes. Puis ils allument une cigarette et s'éloignent dans leur voiture. Ils viennent de tuer trois mille innocents."  (Nyiszli Miklos, un médecin à Auschwitz, Editions René Julliard. 1961.)

Les crématoires

Une vingtaine de minutes sont nécessaires pour réduire en cendres simultanément les 15 cadavres, de sorte que, hors incidents mécaniques fréquents, le crématoire II peut en traiter au maximum 1 100 par vingt-quatre heures, soit environ 5 000 pour l'ensemble de Birkenau, tous foyers allumés. L'afflux des juifs hongrois a conduit à procéder à des incinérations dans des fosses à l'air libre précipitamment creusées, un ingénieux dispositif de rigoles permettant de recueillir la graisse humaine pour activer la combustion.

Espace où les "Sonderkommandos" juifs (équipes chargées de la crémation des corps) brûlaient les cadavres à l'air libre lorsque les crématoires étaient encombrés, comme en 1943.

   

Six heures ont passé depuis que les déportés arrivés par le dernier train à Birkenau-Auschwitz ont quitté la «Rampe de la Mort»…. Il faut se préparer à l’arrivée d’un nouveau convoi.

Les prisonniers destinés aux travaux forcés

A droite, le "Sauna" du camp. Les prisonniers nouvellement arrivés, principalement juifs, sont enregistrés et soumis à la désinfection avant d'être exploités comme des esclaves. En fait, ces prisonniers sont privés de leur propre identité et sont transformés de personne en chiffres. C'est là que les nazis commencent ce qui peut être défini comme une tentative de déshumanisation.

   

Ci-dessous, des femmes sélectionnées pour le travail forcé.

   

Ci-dessous, des femmes sélectionnées pour le travail forcé. Elles ont été rasées et ont revêtu leur tenue. Ce sera la même en hiver. On voit dans les regards et dans les gestes des bras, les traces d'un grand traumatisme. A peine 10% des prisonniers juifs étaient enregistrés, tatoués, douchés et désinfectés au "sauna central" avant d'être transférés dans les baraques.

Les baraques.

   

« Les poux, la gale, le manque d’au, ce n’était pas ce qu’il y avait de pire. Il y avait encore un cauchemar. On ne peut pas tenir sous silence ce tourment quotidien, odieux et dégoûtant, que nous procuraient les latrines. (…) Une latrine devait suffire à quelques milliers de femmes. (…) Des scènes incroyables avaient lieu. Des foules de femmes luttant désespérément pour avoir une place, se poussaient l’une l’autre dans ces odieuses fosses. Autour du bloc, le terrain argileux se transformait en une épaisse couche de boue,mélangé à des excréments et à de l’urine. Certaines prisonnières, exténuées par la maladie, s’y embourbaient y perdaient leurs sabots lourds, elles ne pouvaient plus bouger (…) Les plus malheureuses étaient les femmes malades de diarrhées, il y en avait un grand nombre. (Zofia Kossak-Szczucka, prisonnière polonaise)   

Ci-dessous, à droite, la baraque des latrines. Rare endroit où les SS ne s'aventuraient pas car les conditions d'hygiène étaient épouvantables.  

   

Baraques

   

   

   

   Survivants, à la libération du camp.

   

Quand les troupes soviétiques libèrent Auschwitz le 27 janvier 1945, ils trouvent ces survivants dans un état pitoyable. Ils découvrent en même temps 836.525 vêtements féminins, 348.820 vêtement masculins, 43.525 paires de chaussures ainsi qu'un nombre incroyable de brosses à dent, miroirs, 460 prothèses et 7 tonnes de cheveux humains provenant des victimes gazées. Ces cheveux humains étaient achetés 50 pfennig/kilo par la société allemande "Alex Zink" (établie en Bavière) pour la réalisation de vêtements.

       

 

     
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